Pour la deuxième année consécutive, nous avions décidé avec notre équipe de retourner sur les rives de la partie supérieure de la rivière Laxá, non loin de la municipalité de Blonduós dans le nord de l’Islande. Peche Islande revient sur cette partie de pêche à la truite qui s’est déroulée à la fin du mois de mai 2020.
Nous avions déjà eu la chance de parcourir cette rivière en 2019 avec de très bons amis. 4 jours nous avaient été réservés sur cette Laxá (il en existe plusieurs en Islande) réputée comme l’une des plus productives en termes de saumon. Laxá veut dire en Islandais « rivière à saumon ».
Mais ce ne fût pas pour le roi des cours d’eau que nous nous rendîmes la première fois sur cette rivière. Il s’agissait alors de découvrir la partie supérieure pour vérifier ce qu’il en était coté truites.
Les résultats de ce premier séjour dépassèrent toutes nos attentes avec plus de 90 prises et sûrement autant de décrochées pour 3 cannes. La beauté des lieux, une nature sauvage à souhait, la météo qui nous fût vraiment favorable, l’excellente compagnie et la qualité de l’expérience s’inscrivirent à jamais dans notre mémoire. Le barre fût mise très très haut pour cette première fois et nous décidâmes à la fin de l’année 2019 de proposer un séjour incluant cette expérience pour nos groupes en 2020.
Le premier semestre de l’année 2020 restera probablement dans les anales comme l’une des plus mauvaises périodes de l’histoire récente, du moins pour le monde occidental. Coté tourisme, l’Islande alors en plein boom touristique a vu fondre le nombre des arrivées sur son territoire. Pour atteindre un chiffre proche de zéro sur les 5 premiers mois de l’année 2020. Bien qu’en première ligne, notre entreprise a réussi à tenir le choc grâce à la confiance de nos groupes et je tiens encore une fois à remercier ici tous nos clients qui ont bien voulu reporter leur séjour à 2021.
Puisque il était impossible de voyager au cours du premier semestre 2020, nous nous retrouvâmes avec certaines licences que nous ne pouvions ni revendre ni reporter. En Islande, le caractère non remboursable des licences de pêche peut-être considéré comme particulièrement injuste voire ingrat vis-à-vis des acheteurs…(nous). Mais selon que l’on soit businessman ou pêcheur, ou peut-être les deux à la fois, il demeure possible d’y trouver son compte. La licence prévue pour la partie supérieure de la Laxá au mois de Mai 2020 nous est donc revenue, entre perte et passion.
C’est donc à la même période, la fin du mois de Mai 2020 que nous nous rendîmes sur les bords de cette rivière située à environ 270 kilomètres de la capitale Reykjavík. En Islande, la météorologie est reine. Elle dicte le quotidien des habitants de l’île et nous pêcheurs ne dérogeons pas à la règle. Du fait de ce problème bien connu et relativement important, nous avions quelques appréhensions sur ce que serait l’état de la rivière. D’autant plus que l’hiver et le printemps furent particulièrement neigeux. Si cela est de bon augure pour les niveaux d’eau et la pêche du saumon en général, un surplus de neige peut transformer la pêche du printemps en une activité disons…aléatoire.
La présence de neige en quantité sur les flancs des montagnes et la pluie qui nous précédait avait fini d’augmenter considérablement le debit de la rivière. D’un cours d’eau paisible en mon souvenir nous nous retrouvâmes face à une rivière aux eaux plus froides que d’habitude et en faible crue.
Lorsque ces conditions sont de mises, une technique efficace est à adopter: Pêcher un peu plus lourd et sur les cotés !
La partie supérieure de la Laxá relie deux lacs de grande taille. Celui de Svínavatn (il fait partie de la Veiðikortið) et celui de Laxarvatn. Ces lacs sont extrêmement poissonneux et font office de véritables réservoirs à l’origine des poissons que l’on retrouve dans cette Laxá. Longue d’environ 14 kilomètres, la rivière offre de très nombreux postes de pêche et une grande variété de situations. C’est avec beaucoup de bonheur que nous retrouvâmes ces postes, mais dans une situation bien différente de celle que nous avions connu en 2019. La forte présence de neige avait fini d’augmenter le débit de la rivière, transformant les passages étroits en de véritables torrents. Si il était devenu plus difficile de pêcher à vue ou sur gobage, une rivière en crue facilite parfois la lecture des postes en réduisant les possibilités à deux propositions:
1. « Les truites sont partout sauf au centre »
2. « La majorité se positionne au fond et sur les cotés »
À partir de ce que l’on pourrait considérer comme un véritable programme politique, nous décidâmes de la stratégie à suivre. L’hébergement étant situé vers la partie médiane de la rivière, nous avions le choix de remonter le cours vers le lac de Svínavatn ou de le redescendre en direction du lac de Laxarvatn. L’accès le plus direct pour la première après-midi de pêche nous conduisit à remonter le cours pour pêcher à la nymphe plombée dans un premier temps puis au streamer sur le retour.
Je m’étais souvenu d’un poste franchement intéressant, celui d’une petite cascade sauvage dans laquelle j’étais sûr de pouvoir dégoter si ce n’est plusieurs, au moins un poisson.
Un lancer en dehors des remous avec une oreille de lièvre et c’est une truite à l’arrivée. Pas très grosse mais quelle énergie ! Nous en sortirons plusieurs sur ce poste.
Le reste de l’après midi fût à l’image des premiers instants. Bien qu’en crue, la rivière regorgeait de poissons particulièrement énervés et preneurs. La descente vers le lodge nous permit de valider l’efficacité de nos streamers: Nobblers noirs, oranges, Black ghost et autres Dýrbítur Islandais. Une dérive juste suivie d’un bon « turn » à la manière de la pêche à la noyée et c’était un poisson à la clé. Cette première rotation était de bonne augure pour la suite du séjour.
Rien de tel qu’un lodge privatif situé au bord de la rivière et où il n’y a aucun réseau pour passer un bon séjour entre copains. Pour notre plus grand plaisir, la bicoque de la Laxá s’inscrivait plus dans la veine du cabanon de pêcheur plutôt que du lodge luxueux. Point de trophées ou de saumons accrochés aux murs, pas de services inclus ni aucune cheminée avec un feu de bois dans le salon. Mais nous étions seuls avec la nature, une horde de chevaux en guise de compagnons et le bruit de la rivière en contrebas. Nous entendions tant de chants d’oiseaux, si nombreux en cette période de l’année. Des Pluviers, des Bécassines, des Courlis, des Garots, des Plongeons Huard et Catmarins aussi. La fin du mois de Mai jusqu’à la mi Juin est la période d’accouplement et de reproduction pour de nombreuses espèces. L’avifaune en Islande est extrêmement riche et elle fait le bonheur des passionnés et autres observateurs de la nature. Nous pêcheurs Islandais, sommes souvent aux premières loges de ce spectacle.
Nous finissions dans cette ambiance la première rotation de pêche avec un bon diner préparé par notre chef Olivier d’Angers. Savourant quelque boisson du sud, il s’agissait alors d’apprécier enfin cette entrée dans le printemps, qu’incarnaient la douceur des températures (8 degrés environ) et la lumière si particulière des jours languissants, annonciateurs de l’été Islandais à venir.
La suite de notre séjour sur cette rivière ne fût que pur bonheur. Nous décidâmes de la parcourir de l’amont vers l’aval en couvrant la totalité des postes. 14 kilomètres de parcours répartis en deux jours et deux demies journées. Facile, cela faisait 30 à 35 kilomètres environ en tout (en comptant les marches aller et retour).
Les poissons de cette rivière n’atteignent pas des tailles record, 30 à 40 centimètres en moyenne. Mais leur vitalité donne à chaque fois l’impression d’avoir à faire à de véritables torpilles. La pêche au streamer et à la nymphe plombée furent les plus productives. Au total, nous comptabilisâmes environ 70 prises enregistrées et autant de décrochés pour trois cannes. Encore une fois, les poissons font partie d’une expérience plus globale faîte d’ambiances et de lumières, de coups de pêche, d’oiseaux sauvages et de rencontres inattendues. Je laisse les images parler à ma place et rappelle que ce séjour est disponible pour l’année 2021. « Au printemps les truites » est une exclusivité pêche Islande. Un séjour incluant trois jours de pêche sur la Laxá et deux journées de pêche à la truite dans le sud, dont une journée de pêche aux truites trophées.
Grey ghost et une mouche Islandaise: le Rektor. Deux streamers particulièrement efficaces en Islande !